Sherbrooke : à travail égal, salaire égal
Le syndicat du corps professionnel de l’Université de Sherbrooke vient de signer un grand chapitre de son histoire. Grâce à sa convention collective 2023-2026, entérinée le 16 janvier, il regroupe désormais ses quelque 1400 membres sous un même accord. D’une grande portée stratégique, cette entente unit les deux unités qui composaient l’Association du personnel administratif et professionnel de l’Université de Sherbrooke (APAPUS). Les gens qui se vouent à la recherche voient ainsi leurs normes d’emploi harmonisées en bonne partie avec celles de leurs collègues de l’administration et de la pédagogie. Une réalisation majeure du syndicat, qui y œuvrait depuis 2021.
« Il s’agit d’une avancée remarquable pour l’APAPUS, qui gagne la force du nombre. Nous nous réjouissons notamment pour les employés et employées scientifiques, qui voient se bonifier leurs conditions de travail », commente Claude Fortin, présidente de la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU).
Meilleures perspectives de carrière
La nouvelle entente, en vigueur jusqu’à la fin de mars 2026, hausse les salaires pour la main-d’œuvre qualifiée en science, historiquement sous-payée en regard de sa scolarité. Mais surtout, elle offre une meilleure stabilité en emploi. Avec 10 ans d’ancienneté, une personne qui voit disparaître la subvention de recherche couvrant sa paie n’est plus mise à pied d’office; on s’efforce d’abord de la replacer ailleurs dans l’université. En outre, elle peut solliciter plus aisément un poste permanent en administration, par exemple pour coordonner un service scientifique. Elle ne doit plus pour cela démissionner de son contrat en cours ni renoncer à son ancienneté.
La structure salariale a subi une refonte totale. Elle augmente la rémunération pour certains postes difficiles à combler en raison de la compétitivité du marché, comme ceux en architecture, en ingénierie, en médecine vétérinaire ou en psychologie. De plus, elle reclasse les emplois en recherche en tenant compte du degré de complexité et de responsabilité de chacun, dans une quête d’équité. Son implantation, prévue le 2 avril prochain, favorisera plusieurs des hommes et femmes qui cotisent au syndicat.
Des avancées pour tout le monde
« Certains de nos membres seront plus heureux que d’autres, mais les améliorations touchent tout le monde », formule Robin Renaud. Le président de l’APAPUS, instigateur de la fusion, souligne le travail effectué par la partie patronale dans cette démarche.
L’ensemble des professionnels et professionnelles profitent également de ces gains appréciables :
— deux jours de congés personnels rémunérés par année;
— un jour additionnel de vacances payées après 15 ans de service (plutôt que 16), et deux jours après 20 ans (plutôt que 21);
— un accès plus rapide aux droits parentaux et au perfectionnement;
— un système unifié d’acquisition de l’ancienneté, dont il existait trois versions différentes.
Une fusion ultracomplexe
La fusion des deux conventions collectives, article par article, a requis 18 mois d’un travail méticuleux qui aura éprouvé la patience du comité de négociation. « L’exercice s’est révélé exigeant, mais profitable. Les membres de l’APAPUS peuvent maintenant parler d’une seule voix », se réjouit l’avocate Mathilde Valentini. La conseillère de la FPPU a accompagné le syndicat dans ces longs pourparlers. « Les avancées obtenues donnent de l’espoir pour le secteur de la recherche, où les gens vivent encore trop de précarité. Éventuellement, il pourrait inspirer d’autres établissements de notre réseau. »
Avec cet accord de travail, le personnel scientifique peut désormais envisager plus facilement de faire carrière à l’Université de Sherbrooke. La direction soutiendra pour un temps les laboratoires qui devront hausser subitement la rémunération de leur main-d’œuvre professionnelle.
« La nouvelle convention exigera une adaptation des équipes de recherche, mais nous avons la conviction qu’elle s’avérera bénéfique à moyen terme, estime Robin Renaud. Offrir de meilleures conditions d’emploi, dans un contexte de pénurie de ressources humaines, aidera notre université à retenir ses diplômés et ses employés d’expérience. C’était une évolution nécessaire, que certains départements attendaient d’ailleurs avec impatience. »
Pour lire notre communiqué de presse
Photo : signature de convention collective à l’Université de Sherbrooke, le 16 janvier 2023. À la table : Patrik Doucet, v.-r. ressources humaines; Pierre Cossette, recteur; Robin Renaud, prés. APAPUS; et Marie-France Noël, v.-p. APAPUS. Debout : Carolyne Raymond et Julie Labelle, cons. ressources humaines; Pascal Morin et Guillaume Arguin, cons. APAPUS; et Mathilde Valentini, cons. FPPU. / Michel Caron, UdeS