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Prix des pros de la recherche 2024

Prix des pros de la recherche 2024

La grande rassembleuse

 

Elle a un don pour mobiliser les connaissances… et les personnes! Mylène Villeneuve Cyr contribue ainsi au succès d’un groupe de recherche qui veille au bon développement des enfants.

 

Le Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance (GRISE), à l’Université de Sherbrooke, a frappé les esprits avec son colloque 2023. L’événement consacré aux jeunes en difficulté ou à risque de le devenir s’adressait autant aux membres de la société que de l’université. Quelque 275 personnes y ont participé à des présentations savantes, mais aussi à des discussions collectives sur des sujets d’intérêt public. Par exemple, comment inciter les élèves de secondaire à prendre soin de leur santé mentale? À la fin, une infographie vulgarisait les constats clés de chaque symposium pour en faciliter l’application — témoin cet exemple.

 

Ce rendez-vous du savoir doit beaucoup à Mylène Villeneuve Cyr, coordonnatrice scientifique du GRISE, qui a contribué à l’organiser. « Mettre la recherche en contact avec le monde réel, j’adore ça, confie-t-elle de sa voix zen. Les connaissances doivent sortir de l’université pour servir à la société! »

 

Le site Web grise.ca, qu’elle a structuré et qu’elle anime, traduit aussi cette vision généreuse de la science. La vitrine en ligne — une perle dans son genre — vulgarise divers sujets touchant la jeunesse. Elle diffuse notamment les midis-conférences donnés chaque mois par des spécialistes en adaptation sociale et en santé mentale des jeunes. Aussi, une chouette série de balados où des personnes aux études interviewent des chercheurs et chercheuses du groupe. « Une manière de rendre vivante la programmation de recherche », précise celle qui facilite la production de ces contenus accessibles au public.

 

Pour son patient soutien à la mobilisation des connaissances, Mylène Villeneuve Cyr a remporté la 1re place dans la catégorie Société et culture aux Prix d’excellence des professionnels et professionnelles de recherche 2024. La direction du GRISE a fêté la victoire de son employée, louangeant « sa diplomatie, son ouverture aux nouvelles idées et son calme olympien ». La principale intéressée, elle, s’attendait peu à cet honneur. Au point qu’elle avait égaré son mot de passe pour la plateforme des Fonds de recherche du Québec, qui décernent la distinction! « Tant de mes collègues font un travail de grande qualité pour permettre à la science de s’accomplir, note-t-elle. Que ma contribution soit reconnue me remplit de surprise, de fierté et d’émotion. »

 

L’appel de la recherche

L’histoire commence en 2005. Collégienne éprise de culture, Mylène vient de diplômer du cégep en arts et lettres. Au moment d’entamer des études supérieures, elle hésite entre l’enseignement et la psychologie. Pour mieux choisir, elle s’inscrit… en sexologie. Cette discipline touche tout le monde au cours de sa vie, non? En tout cas, elle va orienter sa carrière. La jeune apprentie s’initie à la recherche auprès de Martine Hébert, professeure à l’Université du Québec à Montréal, qui lui confie la coordination de divers projets. Elle aime spontanément ce travail, lent et réfléchi, qui correspond à sa façon d’être.

 

En 2011, elle dépose son mémoire de maîtrise, où elle analyse les différences de vécu entre les filles et les garçons qui ont subi des agressions sexuelles dans leur enfance. Elle coordonne ensuite des projets de recherche portant sur ce sujet, ainsi que sur les traumas interpersonnels et la violence dans les relations amoureuses des jeunes. Elle raffole de ce travail… mais son Estrie natale lui manque. De bonne grâce, la professeure Hébert soutient son retour dans sa région en la recommandant à son homologue Michèle Déry, alors directrice scientifique du GRISE. « J’ai retrouvé dans cette équipe des thématiques connexes à ma discipline d’origine et un milieu tout aussi stimulant », se réjouit la professionnelle.

 

C’est ainsi qu’elle devient coordonnatrice, en 2014, du groupe où elle fera sa marque. Aujourd’hui piloté par la professeure Geneviève Paquette, le GRISE veille au bien-être des jeunes en menant des travaux susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie. Plusieurs spécialités s’y côtoient : psychoéducation, enseignement, adaptation scolaire et sociale, travail social, sciences de la santé, etc. Le collectif comprend 50 chercheurs et chercheuses. Il héberge en outre cinq chaires de recherche et deux équipes soutenues par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

 

Accompagner la relève scientifique

Au cœur de cette vibrante communauté, Mylène Villeneuve Cyr joue un rôle pivot. Cette « docteure ès efficacité » assiste la direction dans les tâches de gestion, notamment en soutenant la préparation de demandes de financement. Elle accompagne la population étudiante par des conseils attentionnés. Vous avez une question sur les rouages de la vie sur le campus? Elle a une réponse. Sa sollicitude lui a d’ailleurs valu une nomination l’an dernier aux Prix Inspiration de l’Université de Sherbrooke, catégorie Qualité de service.

 

« Le cœur de mon implication, poursuit-elle, c’est d’offrir aux membres de la relève étudiante des occasions de développer une formation scientifique solide et diversifiée en complément de leur programme académique. » Elle organise ainsi une panoplie d’ateliers de perfectionnement. Maîtrise des logiciels statistiques, repérage d’articles, usage du CV commun canadien pour solliciter des bourses… L’été se tient même un exercice de communications par affiche. Les stagiaires universitaires se présentent ainsi avec plus d’assurance à la Journée de la recherche de 1er cycle en sciences humaines et sociales de l’Université de Sherbrooke. Un parfait tremplin pour poursuivre des études aux cycles supérieurs dans un cheminement recherche.

 

Initiative originale : la lauréate a participé à la mise sur pied, à l’automne 2021, d’un club de lecture d’articles savants à devis qualitatif. Ce mode d’étude fondé sur l’expérience humaine, moins connu que celui axé sur des statistiques, peut poser des colles de méthodologie. Le cercle permet de partager les bonnes idées et d’aplanir des difficultés en groupe. Son succès a d’ailleurs inspiré une bande dessinée soumise au Concours de vulgarisation scientifique 2024 de l’Université de Sherbrooke.

 

Unir les pros de la recherche

Enrichissante mais exigeante, la vie des professionnels et professionnelles de recherche! C’est pourquoi Mylène Villeneuve Cyr a lancé en 2022, avec une collègue et une chercheuse, une communauté de bonnes pratiques pour ses homologues. Une dizaine de personnes pilotent des projets pour les chercheurs et chercheuses du GRISE. La nouvelle structure leur procure une plateforme pour partager idées, conseils et documents. Elle leur donne aussi l’occasion, trois fois l’an, de discuter librement des défis de leur quotidien.

 

« La communauté permet de mettre en commun les savoirs et les usages », résume la super-coordonnatrice, qui organise les rencontres du groupe. « Elle formalise ce qui se faisait déjà en proposant une solution plus inclusive. » L’initiative s’avère d’autant plus pertinente que le télétravail complique souvent les échanges spontanés entre collègues.

 

Hors du bureau, cette maman comblée passe beaucoup de temps avec ses enfants de 8 et 9 ans. Ce qui lui donne, outre les joies de la vie de famille, une perspective intime sur le développement humain étudié au GRISE! Elle marche et roule en plein air, court les musées. L’écriture l’attire aussi : « J’aime jouer avec la langue française, les discussions enflammées, le ping-pong mental. »

 

Mylène Villeneuve Cyr n’oubliera pas de sitôt le colloque 2023 de son organisation. Sa principale réussite professionnelle, cependant, ne réside pas dans une action — plutôt dans un état d’esprit. « Ma plus grande fierté, c’est d’avoir appris à soutenir de différentes manières les membres du groupe, en m’adaptant à leurs besoins qui varient, formule-t-elle. Rien ne me satisfait autant que de contribuer au mouvement et à l’énergie d’une équipe stimulante. »

 

Au sujet de ce prix

Les Prix d’excellence des professionnels et professionnelles de recherche mettent en lumière l’apport crucial de ce personnel à l’avancement du savoir et à l’innovation au Québec. Ils ont été créés en 2016 par la FPPU et deux autres syndicats avec le soutien des Fonds de recherche du Québec. Trois bourses de 2500 $, 1500 $ et 1000 $ sont attribuées dans chaque catégorie : Nature et technologies, Santé ainsi que Société et culture.

 

Mylène Villeneuve Cyr, 1re place dans la catégorie Société et culture aux Prix d’excellence des professionnels et professionnelles de recherche 2024. / photo Michel Caron, UdeS