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Garder le moral en temps de pandémie

Garder le moral en temps de pandémie

Photo : La psychologue Sophie LeBlanc Roy à son domicile de Moncton, où elle assure le service aux étudiants en temps de crise. Deux télétravailleurs et trois enfants dans la même maison, ça bouge! / collection personnelle

 

Ce que la pandémie de coronavirus signifie pour les professionnels de l’enseignement supérieur, Sophie LeBlanc Roy en a une bonne idée. En mars dernier, lorsque l’Université de Moncton a fermé ses campus, la responsable du Service de santé et de psychologie s’est retrouvée tout d’un coup hors de son bureau. Avec ses 15 collègues professionnels (psychologues, médecins, infirmières), elle a dû organiser des services d’aide à distance, sans accès aux dossiers des patients, des documents confidentiels laissés en sécurité au campus. Toute une partie de plaisir!

Aujourd’hui, la psychologue remplit sa mission depuis sa table de cuisine, où elle a installé son bureau provisoire. Un espace qu’elle partage avec son conjoint et leurs enfants de 7, 9 et 12 ans. «Pour mener mes consultations, je me réfugie dans ma chambre, au sous-sol… n’importe quel lieu où je peux garantir la confidentialité des échanges, raconte-t-elle en riant. Pas évident…»

Le mot d’ordre de cette pandémie, c’est #cavabienaller. Alors on affiche un arc-enciel à notre fenêtre et on serre les dents. Mais la crise affecte la santé mentale de tout le monde. Confinement, conciliation des activités professionnelles, familiales et personnelles, soubresauts de la carrière… Les émotions liées à ces chambardements sont bien réelles. Et il faut les reconnaître pour s’en libérer.

Sophie LeBlanc Roy, membre de l’Association du personnel professionnel et administratif de l’Université de Moncton, partage ici ses trucs pour préserver sa santé mentale en ces temps inédits.

 

 

Un homme marche près d'un lac de montagne
L’activité physique et le plein air : les meilleurs amis de notre santé mentale. / photo Yann Allegre sur Unsplash

Comme un presto!

C’est essentiel de reconnaître qu’on vit des moments difficiles. À nos enfants, on parle de ces émotions : c’est normal qu’on s’ennuie, qu’on ait peur, qu’on se sente irritable, qu’on soit déçu de ne plus voir nos amis et d’interrompre nos activités. Mais nous, les adultes, on ne se donne pas le droit de se sentir anxieux ou impatient! On réagit souvent par l’évitement, en faisant tout pour ne pas se retrouver seul avec nos pensées. Au contraire, il faut vivre nos émotions négatives pour les laisser aller. Faire mille et une choses pour se tenir occupé, go go go, ça aide le temps à passer  plus vite; mais à la fin de la journée, on a accumulé le stress et on se sent juste épuisé.

L’anxiété survient souvent quand on a le sentiment de ne pas avoir de contrôle sur la situation. Se faire dire qu’on ne peut plus accéder à notre lieu de travail, qu’on doit rester à la maison, c’est une énorme perte de contrôle. L’inconnu fait peur; en période d’incertitude, les symptômes s’accentuent. Plusieurs personnes se sentent désemparées parce que les stratégies qu’elles utilisent d’habitude pour composer avec les événements difficiles fonctionnent moins bien.

 

Un homme repose dans un hamac à la maison, près de son chien
En période de crise, il est bénéfique de s’accorder chaque jour de courts moments d’introspection. / photo Drew Coffman sur Unsplash

Prenez une pause et respirez

Revenez autant que possible à votre routine habituelle, même si cette période exceptionnelle exige de gérer beaucoup d’imprévus à la maison. Si, avant, vous faisiez une pause à 10 h 30 pour jaser avec une collègue, vous pouvez encore la contacter par Skype! Prenez vos périodes de repas, mangez sainement, profitez du plein air. Ce sont des besoins essentiels. La routine nous aide à sentir que nous avons un contrôle sur la situation.

Aller dehors tous les jours, c’est bénéfique, même si c’est juste pour une petite promenade. Pratiquez l’activité physique le plus possible. Il y a une panoplie de vidéos à visionner pour vous aider là-dedans à la maison.

Surtout, essayez de prendre des moments pour vous retrouver. C’est sûr que les instants de paix sont souvent courts quand on est confiné avec d’autres personnes à domicile! Profitez-en quand même au maximum. Allez marcher, prenez un bain, assoyez-vous cinq minutes pour respirer. Expliquez à votre partenaire ou à vos enfants que vous avez besoin d’un moment pour vous-même. Consacrer quelques minutes par jour à la détente, à la méditation ou à la pleine conscience permet de lâcher prise.

Plusieurs outils en ligne peuvent vous aider à aborder le quotidien avec sérénité. Essayez la relaxation progressive de Jacobson, une technique efficace de détente musculaire. Plusieurs applications aident aussi à appliquer des méthodes de pleine conscience et de respiration profonde. RespiRelax+ est un outil gratuit développé par un expert qui permet de retrouver un état de calme par la cohérence cardiaque. Sanvello offre des exercices (gratuits pour la durée de la crise du coronavirus) pour combattre le stress, l’anxiété et la dépression. Calm offre des méditations guidées, et même des sleep stories (dont plusieurs en français) qui guident doucement les auditeurs vers le sommeil.

 

Une goutte tombe, créant des ondes concentriques sur une eau étale
Diverses méthodes de méditation ou relaxation peuvent nous aider à lâcher prise. / photo César Couto sur Unsplash

Demandez de l’aide au besoin

L’inconnu réveille différentes peurs, notamment celle de perdre son emploi. Soyez transparent avec votre supérieur sur cette question. Il pourra peut-être vous rassurer. Si vous avez besoin de plus d’encadrement pour vous sentir productif, vous pouvez le dire. Votre gestionnaire vous guidera vers ce qui est prioritaire. Personnellement, je discute maintenant avec mon supérieur une fois par semaine plutôt qu’une fois par mois. Notre coucou virtuel du vendredi m’aide à me sentir efficace et utile.

En cas de besoin, n’hésitez pas à consulter le programme d’aide aux employés offert par votre université. Même si tout le monde vit les effets de la crise, vous avez le droit de demander du soutien. Beaucoup de programmes offrent également des ressources en ligne utiles dans cette situation exceptionnelle. Celui de l’Université de Moncton propose des webinaires, des documents, des articles pour nous aider à prendre soin de nous-mêmes.

Sous un angle positif, la situation actuelle permet de réfléchir aux priorités de notre vie. Je me vois essayer de jongler avec tout. Avec mes trois enfants d’âges différents, l’école à la maison me prend en théorie six heures par jour; mon travail, huit heures. C’est impossible d’arriver! Il faut établir un ordre de priorités gérable. Par ailleurs, il faut appliquer des stratégies pour notre bien-être, ce qu’on ne faisait peut-être pas toujours avant, même si on avait plus de temps pour prendre soin de soi. Là, il faut agir pour conserver sa propre santé mentale et pouvoir aider les gens autour de soi. Cet exercice peut accroître notre efficacité et notre productivité à long terme, mais aussi, ramener un certain équilibre dans nos vies.