Tous les lauréats des
BOURSES FPPU
Bourse FPPU/APPENAP 2022
Emmanuel Saël
École nationale d’administration publique
Emmanuel Saël connaît l’École nationale d’administration publique comme bien peu d’étudiants. À son arrivée au Québec, en 2017, ce jeune professionnel diplômé en comptabilité et en fiscalité devient assistant de recherche. Deux ans plus tard, on le retrouve chargé d’enseignement, notamment en conception et en mise en œuvre des politiques publiques. Aujourd’hui coordonnateur des activités scientifiques de l’Observatoire des administrations publiques autochtones, il appuie une équipe qui collabore avec des communautés amérindiennes et inuites pour développer des pratiques adaptées à leurs besoins. Et à temps perdu, il préside le Syndicat des étudiants et des employés de la recherche de l’ENAP!
Doté d’un fort sens civique, ce doctorant chapeaute depuis un an le programme de mentorat du Service aux étudiants de l’ENAP. Il accompagne ses pairs dans la rédaction d’articles selon les normes en vigueur au Québec. Il collabore aussi au comité Réussite et persévérance, qui pilote une consultation auprès de la population étudiante pour comprendre les obstacles qui se dressent sur le chemin menant au diplôme.
Comme il a lui-même vécu l’expérience de l’immigration en quittant Haïti, le Montréalais d’adoption aide désormais de nouveaux arrivants à s’intégrer à la société québécoise. Pour l’organisme Vision et action pour le développement, il conseille bénévolement les personnes immigrantes qui peinent à remplir leur déclaration de revenus. Et il participe au débat public par divers articles. À lire : son analyse de la situation de son pays natal parue l’an dernier dans le magazine universitaire indépendant The Conversation. Emmanuel Saël reçoit la bourse d’excellence FPPU/APPENAP 2022 en appui à ses nombreuses réalisations. Sa victoire a été soulignée de manière informelle le 26 juillet dans les locaux de l’ENAP à Québec.
Au sujet de ce prix
La Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU) octroie chaque année des bourses d’excellence à des étudiants d’exception. Chaque syndicat affilié attribue le prix dans son établissement en suivant les critères de son choix. L’Association des professionnelles et professionnels de l’École nationale d’administration publique (APPENAP) remet 1000 $ à une personne qui se démarque par son engagement social.
Emmanuel Saël, lauréat de la bourse FPPU/APPENAP 2022. / photo FPPU
Bourse FPPU/SPPROC 2022
Nadine Morin
CHU de Québec–Université Laval
Connaissez-vous la plateforme VaccinTrackerQc? Le site permet de suivre l’état de la vaccination contre la COVID-19 au Québec par des graphiques visuels. Si cette initiative bénévole de vulgarisation a vu le jour, c’est en partie grâce à Nadine Morin, lauréate de l’une des deux bourses d’excellence FPPU/SPPROC en 2022.
La doctorante en biologie moléculaire et cellulaire n’en est pas à sa première réalisation pour animer les échanges de connaissances au Centre de recherche du CHU de Québec–Université Laval. Elle qui se forme auprès du Dr Marc-Étienne Huot a contribué à la tenue de nombreux événements. Inviter des conférenciers pour discuter des carrières qui s’ouvrent aux diplômés en biologie avec le comité Mon avenir en sciences? Check. Diriger à deux reprises l’organisation de la Journée scientifique des étudiants, réunissant plus de 120 présentations? Check. Représenter ses pairs au conseil d’administration du Centre de recherche sur le cancer? Check!
Sensible aux besoins de sa communauté, cette ancienne animatrice scoute a siégé à la Commission des affaires étudiantes, puis au Conseil universitaire. Elle a également assisté des collègues en difficulté avec le groupe RÉAGIR de la Faculté de médecine.
Pour Nadine Morin, s’investir dans la collectivité ne constitue pas une distraction de ses brillantes études. Au contraire, c’est un mode de vie qui favorise l’excellence. « Le temps et les efforts fournis dans les comités dont j’ai eu la chance de faire partie ont ajouté à la valeur de mes diplômes. Ils m’ont permis de développer des aptitudes et des relations que j’estime énormément », décrit-elle. Elle poursuit maintenant ses recherches sur un éventail de cancers du cerveau appelés « gliomes de bas grades ». Avec une moyenne ahurissante de 4,33 au doctorat et deux articles scientifiques déjà publiés, gageons qu’elle remportera bien d’autres distinctions dans les années à venir.
Au sujet de ce prix
La Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU) octroie chaque année des bourses d’excellence à des étudiants d’exception. Chaque syndicat affilié attribue le prix dans son établissement en suivant les critères de son choix. Le Syndicat des professionnelles et professionnels de la recherche œuvrant au CHUL (SPPROC) remet 500 $ à deux personnes reconnues pour leur implication sociale.
Nadine Morin, lauréate d’une bourse FPPU/SPPROC en 2022. / photo Louise Leblanc pour le CRCHUQ
Bourse FPPU/SPPROC 2022
Lynda Agbo
CHU de Québec–Université Laval
«Apporter un peu de bonheur ou d’aide autour de moi est mon leitmotiv de vie», affirme Lynda Abgo. Et elle en fait la preuve! La doctorante en médecine moléculaire mène de brillantes études pour devenir professeure en cancérologie, dont témoigne son CV. Mais son engagement social dépasse les murs du laboratoire du Dr Jean-Philippe Lambert, au Centre de recherche du CHU de Québec–Université Laval.
Présidente de l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIES), elle participe à la promotion du transport en commun, notamment par cette vidéo. Elle a contribué à organiser de nombreux événements scientifiques, dont le congrès tenu par l’Acfas en mai 2022, et siège à plusieurs comités. De plus, elle dirige l’Association des Béninois et Béninoises du Québec pour faire connaître son pays natal.
À la rentrée d’automne, cette bénévole pour plusieurs groupes caritatifs agira à titre d’ambassadrice de l’implication étudiante à l’Université Laval. Pour l’intarissable énergie qu’elle applique au bien commun, Lynda Marie Clémence Agbo remporte l’une des deux bourses d’excellence FPPU/SPPROC 2022.
Au sujet de ce prix
La Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU) octroie chaque année des bourses d’excellence à des étudiants d’exception. Chaque syndicat affilié attribue le prix dans son établissement en suivant les critères de son choix. Le Syndicat des professionnelles et professionnels de la recherche œuvrant au CHUL (SPPROC) remet 500 $ à deux personnes reconnues pour leur implication sociale.
Lynda Agbo, lauréate d’une bourse FPPU/SPPROC 2022. / image Tramway de Québec
Prix des professionnels de recherche 2022
Claudia Moreau
Université du Québec à Chicoutimi
S’amuser avec les données
Par la bio-informatique, Claudia Moreau sonde les mystères de notre ADN. Ceux qui nous lient à nos aïeux comme ceux qui nous prédisposent à certaines maladies.
En novembre 2011, Claudia Moreau a connu un moment de grâce du genre qui fait rêver le monde de la recherche. La prestigieuse revue Science a publié l’un de ses articles! Avec une équipe de chercheurs, la professionnelle avait analysé la généalogie des pionniers ayant peuplé Charlevoix et le Saguenay–Lac-Saint-Jean durant trois siècles. Elle avait alors découvert que la génération qui défrichait une région, le « front de colonisation », faisait plus d’enfants que celle laissée derrière. « Ces gens avaient plus de chances de transmettre leurs gènes, peut-être parce qu’ils avaient de l’espace pour s’établir et un mode de vie très actif », explique-t-elle. Une trouvaille que la publication scientifique américaine a célébrée par une conférence de presse à Montréal.
Analyser des masses d’informations pour en tirer du sens, voilà ce qui passionne cette mordue de bio-informatique. « J’aime m’amuser avec les données pour voir ce qu’il peut en sortir d’intéressant, résume-t-elle. C’est le conseil que je prodigue à tous les étudiants que je côtoie : ayez du plaisir! » Une sage approche, qui lui vaut aujourd’hui la troisième place dans la catégorie Santé aux Prix d’excellence des professionnels de recherche 2022.
Titulaire d’une maîtrise en médecine expérimentale, Claudia Moreau travaille depuis 2018 au laboratoire Genopop, dirigé par le professeur Simon Girard à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Entre autres projets, l’équipe fouille le génome humain pour y trouver les causes de maladies neuropsychiatriques, dont l’épilepsie et la schizophrénie. La lauréate y gère un ensemble de données massives qui figure parmi les plus importants au Canada.
La native de la région de Baie-Comeau quitte tôt sa région pour étudier en science. En 2001, elle lance sa carrière de professionnelle au centre BALSAC, à l’UQAC. Ce dernier reconstitue l’histoire de la nation québécoise par la généalogie en s’appuyant sur une colossale base de données. Elle se joint ensuite à l’équipe d’un spécialiste de la génétique des populations, le professeur Damian Labuda, au Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, à Montréal. Pendant 15 ans, elle y travaille sur des sujets comme l’« effet fondateur », ces particularités du génome qui apparaissent quand un pays est peuplé par un nombre restreint d’ancêtres. Elle contribue à monter une cohorte de plus de 800 personnes qui fournissent leur ADN ainsi que leur arbre généalogique. Elle se déplace sur un vaste territoire pour recruter des participants et participantes, de la Gaspésie à l’Abitibi.
« Diffuser la science, j’adore ça, confie-t-elle. Les gens n’ont pas idée de ce qu’on fait, mais quand on prend le temps de l’expliquer, ils comprennent très bien. Démocratiser la recherche est important pour moi. » Tous les moyens sont bons pour faire connaître les travaux auxquels elle contribue. Articles, entrevues, exposés… En 2017, elle présente au musée Pointe-à-Callière l’art d’identifier les os anciens des ancêtres en mariant génétique et généalogie. Québec Science explore le sujet dans une nouvelle et un interview.
Cette grande curieuse n’hésite pas à retourner sur les bancs d’école au besoin. C’est ainsi que l’évolution des technologies la pousse vers la bio-informatique, en 2006. L’époque se termine où l’on étudiait des régions bien circonscrites du génome en effectuant des manipulations à la main. En voyant exploser le nombre des données issues du séquençage, la scientifique comprend qu’elle ne pourra bientôt plus les traiter dans Excel… Dans la trentaine, entre ses deux grossesses, elle se forme en programmation à l’Université de Montréal. Elle ajoute ainsi un cours par semestre à son travail à temps plein et à sa vie de jeune maman. « Je rêvais la nuit à des lignes de commande », rigole-t-elle! Aujourd’hui, elle réalise ses propres analyses en recourant aux serveurs ultrapuissants de l’Alliance de recherche numérique du Canada et initie la relève de l’UQAC à cette discipline.
Établie à Laval, la professionnelle coordonne le laboratoire à distance — une expérience qui s’est révélée bien utile durant la pandémie. Elle guide les étudiants et étudiantes dans leurs projets, rédige des demandes de subvention, rencontre le comité d’éthique. Elle a publié jusqu’ici une quarantaine d’articles, dont neuf comme première auteure.
Ces temps-ci, elle se consacre aussi à la science citoyenne avec la Cohorte participative du Québec. L’équipe recrute des personnes qui ont passé des tests d’ADN proposés par des compagnies comme Ancestry, 23andMe et MyHeritage. Elle espère ensuite croiser ces données brutes avec les informations liées à leur filiation. « On souhaite ainsi inclure des gens de tous les milieux et toutes les origines, car notre premier groupe comprenait surtout des membres installés dans leur région depuis plusieurs générations », précise-t-elle. Cet outil sera accessible sans frais au monde scientifique. L’équipe communiquera les résultats de ses études aux participants et participantes, sur son site copaq.ca et sur sa page Facebook.
Ce qui rend Claudia Moreau fière de son parcours? Avoir pu mener ses propres projets, avec l’appui des chercheurs côtoyés au fil des ans. Elle reçoit donc avec gratitude la distinction décernée par les Fonds de recherche du Québec. « Ce prix démontre qu’il est possible de faire une belle carrière en science sans faire un postdoctorat et gérer un gros laboratoire, estime-t-elle. J’encourage chaque personne à suivre sa curiosité et son ambition. Et tant mieux si ça convainc quelques femmes de choisir cette voie. En recherche, on a besoin de tout le monde… »
Au sujet de ce prix
Les Prix d’excellence des professionnels de recherche mettent en lumière l’apport crucial de ce personnel à l’avancement du savoir et à l’innovation au Québec. Ils ont été créés en 2016 par la FPPU et deux autres syndicats avec le soutien des Fonds de recherche du Québec. Trois bourses de 2500 $, 1500 $ et 1000 $ sont attribuées dans chaque catégorie : Nature et technologies, Santé ainsi que Société et culture.
Photo : Claudia Moreau, troisième place dans la catégorie Santé aux Prix d’excellence des professionnels de recherche 2022. / source collection personnelle