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Prix des professionnels de recherche 2021

Prix des professionnels de recherche 2021

Le lauréat Olivier Robin tient dans ses mains une impression 3D d’une onde acoustique, qui aide à visualiser le son et ses interactions avec le milieu. Le scientifique pose ici dans la chambre anéchoïque du Groupe d’acoustique de l’Université de Sherbrooke. Les murs tapissés y absorbent tous les bruits. / photo Maxime Bilodeau

 

Prix des professionnels de recherche 2021

Olivier Robin | Université de Sherbrooke

Troisième place en Nature et technologies

 

L’amplificateur scientifique

Entre deux recherches sur l’acoustique, Olivier Robin promeut la vulgarisation par… la bande dessinée.

 

« Expliquer, éduquer, inspirer. » C’est le mantra d’Olivier Robin, professionnel de recherche au Groupe d’acoustique de l’Université de Sherbrooke. De jour, le titulaire de doctorat mène de savants travaux sur les ondes sonores et les vibrations ; de soir, il élabore des stratégies inusitées pour captiver la communauté étudiante et le grand public. « C’est la passion qui me drive, dit-il dans son français émaillé d’expressions québécoises. J’aime expliquer les choses. Si le monde embarque, ma fusée allume fort ! »

 

De fait, la stratosphère Robin est remplie de projets innovateurs. Un exemple ? En 2018, ce fervent vulgarisateur s’est associé au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke pour concevoir une exposition sur le son. Un élément invisible et intangible : bonjour le casse-tête ! L’équipe a pourtant relevé le défi, trouvant même le moyen de reproduire le sentiment qu’on éprouve dans une chambre anéchoïque, un lieu « sourd » où les parois absorbent tous les bruits. (Pour en voir une, regardez la photo de cet article ou cette vidéo qui montre le professionnel en action.) L’expo Son, que du son ! a remporté en 2020 un prix de l’Association canadienne des centres de sciences et voyagé en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick. « Cette collaboration a été un ping-pong constant entre la vision des muséologues et la mienne, dit le spécialiste. Mais elle a permis de lancer un pont entre l’université et le grand public. »

 

C’est ce penchant pour la communication, associé à une pratique sérieuse de la science, qui vaut à Olivier Robin un Prix d’excellence des professionnels de recherche 2021 (troisième place en Nature et technologies). « Les lauréats et lauréates des années antérieures m’ont impressionné par la qualité de leur CV, avoue-t-il. Monter sur ce podium, wow ! »

 

Qu’est-ce qui amène le jeune Français au Canada, en 2010 ? Son doctorat en génie mécanique. Jusque-là, il a travaillé au Centre d’essais vibro-acoustique pour l’automobile, à Rouen, après avoir obtenu sa maîtrise en acoustique des transports à Le Mans Université, en 2006. Quand il décide de poursuivre des études doctorales, à 32 ans, il sait exactement où aller : en Estrie. « Le Groupe d’acoustique de l’Université de Sherbrooke est reconnu au niveau mondial », précise-t-il.

 

À la suite de son postdoctorat, en 2015, il devient professionnel de recherche au Groupe. Il y contribue à des travaux spécialisés, tels un concept d’alarme de recul et des études d’imagerie vibratoire par caméras haute vitesse. Il cosigne pas moins de 36 articles scientifiques et 41 actes de conférence. Il dirige l’un des axes d’un projet international de recherche, le Centre acoustique Jacques Cartier, qui regroupe des experts de Sherbrooke, Lyon et Le Mans. De même, il collabore avec le Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie, un collectif montréalais qui s’intéresse au son.

 

Sa réputation de collègue dévoué et créatif se répand aussi vite que le cri du loup dans la nuit boréale. La vie de professionnel — gérer le quotidien du laboratoire, accompagner les étudiants, donner des conseils techniques, développer des projets de recherche, rédiger des demandes de subventions… — lui va à merveille. « J’aime couvrir un large spectre d’activités, note-t-il. Si je faisais toujours la même chose chaque jour, je m’ennuierais. Et l’ennui, ce n’est pas bon pour moi ! »

 

Aucun risque qu’Olivier Robin souffre de monotonie, assure son ancienne stagiaire Tamara Krpic. « Je me suis même demandé comment il était possible qu’une personne soit aussi amoureuse de sa profession, et aussi heureuse de la partager avec les autres », écrit-elle ! C’est dans ces mots qu’elle a soumis la candidature de son conseiller comme mentor d’exception à Chapeau les filles 2019. Ce concours organisé par Québec honore les femmes qui choisissent des carrières de tradition masculine ainsi que les individus qui les aident dans leur parcours. Tant l’étudiante que le professionnel ont été primés à cette occasion. « Recevoir le prix à l’Assemblée nationale a été super, mais pour moi, le témoignage de Tamara, c’était la vraie récompense », formule aujourd’hui le lauréat.

 

Jamais à court de surprises, l’employé de l’Université de Sherbrooke a ébahi la communauté en créant le cours de troisième cycle Communication scientifique et bande dessinée, à l’hiver 2020. Transmettre des notions complexes par la bédé ? L’idée est moins saugrenue qu’elle peut le paraître. « C’est très développé en Europe, dit-il. Je me suis dit : pourquoi ne pas introduire ça à l’Université de Sherbrooke ? » La formation a vite affiché complet, comme le rapporte le site de l’établissement. « Dessiner sa science, c’est un défi, reconnaît-il. Mais ajouter des dessins et une histoire à un texte permet de toucher beaucoup plus de monde ! Ça nous pousse à parler différemment au public. » Cet amateur du neuvième art a lui-même employé cette méthode pour transmettre des principes d’acoustique.

 

Il s’est illustré à trois reprises au Concours de vulgarisation de l’Université de Sherbrooke. En 2020, son texte « Qui t’explique le français d’icitte ? » s’est distingué en demi-finale dans la catégorie Sciences humaines et sociales. Un contenu d’intérêt pour bien des néo-Québécois…

 

Parce qu’on ne sort pas la science du scientifique, même fou de dessin, Olivier Robin a profité de son expérience pour organiser un colloque sur la vulgarisation au plus récent congrès de l’Acfas. Baptisé Établir des ponts entre universités et grand public, l’événement explorait diverses méthodes pour stimuler le dialogue dans la société. « Communiquer avec la population, ça ne s’improvise pas, prévient-il. Ça prend du temps pour savoir le faire. Établir des ponts, ça résume bien ce que je veux faire. »

 

Au sujet de ce prix

Les Prix d’excellence des professionnels de recherche mettent en lumière l’apport crucial de ce personnel à l’avancement du savoir et à l’innovation au Québec. Ils ont été créés en 2016 par la FPPU et deux autres syndicats avec le soutien des Fonds de recherche du Québec. Trois bourses de 2500 $, 1500 $ et 1000 $ sont attribuées dans chaque catégorie : Nature et technologies, Santé ainsi que Société et culture.